Jaguar XJ220 : le félin sort ses griffes

Jaguar XJ220 : le félin sort ses griffes

Pour beaucoup, Jaguar représente le luxe à l'anglaise, l'odeur du bois et du cuir. Certes, la marque dispose d'un solide palmarès sportif, mais elle s'est faite la spécialiste de la berline performante certes, mais surtout confortable et statutaire et dont l'XJ est l'emblème. Pourtant, la marque décide au début des années 80 de se lancer dans un projet fou, celui d'une supercar hyper performante, la Jaguar XJ220.

Jaguar XJ220

Dans ces années-là, Jaguar est engagé en endurance (24 heures du Mans) mais les prototypes engagés sont bien éloignés des productions de série de la marque. Il lui faut un véhicule emblématique, capable de rouler sur route ouverte et pourquoi pas de gagner sur la piste. Le projet est lancé dès 1984 mais il faudra attendre de longues années avant de voir la version définitive de la XJ220, présentée au salon de Birmingham en 1991. 

Une supercar pour Jaguar

Né de façon officieux, le projet mettra du temps à être officialisé. Il faudra attendre 1987 pour que le projet soit validé en interne. En 1988, Jaguar peut présenter sa voiture au salon de Birmingham avec un V12 à l'arrière. Les réservations commencent à arriver mais finalement, c'est un V6 biturbo qui prendra place sous le capot, le V12 s'avérant dépassé, lourd et trop volumineux. Idem pour la transmission intégrale prévue initialement, trop lourde elle-aussi. L'année suivante, Ford rachète Jaguar et le projet XJ220 est à deux doigts de passer à la trappe, pour être finalement validé in extremis.

Produite en collaboration avec TWR, la Jaguar XJ220 a certes perdu du temps et un peu de sa superbe depuis le prototype de 1988, mais elle impressionne tout de même en 1991 lorsqu'elle se dévoile enfin. Bien sûr, il lui manque 6 cylindres, mais le V6 qu'il lui reste impressionne tout de même : 3,5 litres de cylindrée, pour 549 chevaux lui permettant d'atteindre 340 km/h et d'effectuer le 0 à 100 en 4 secondes seulement et ce malgré un poids 1 470 kg. Le couple, lui, est fantastique avec 65,5 mkg à 4 500 tours.

Jaguar XJ220

Echec commercial de la Jaguar XJ220

La ligne, elle, est d'une fluidité exemplaire. Bien sur, la voiture dénote un peu dans la gamme très classique du constructeur britannique, mais elle est au niveau de la concurrence. Construite dans une toute nouvelle usine, à Bloxham (qui sera ensuite récupérée par Aston Martin pour produire sa nouvelle DB7), la XJ220 sera un succès d'estime, mais pas un succès commercial. Prévue initialement pour une série de 350 exemplaires, elle ne trouvera que 281 clients. Normal tant le projet avait évolué depuis ses débuts et les premières réservations, et surtout son prix, d'autant qu'entre temps, la crise économique s'était invitée à la fête.

Il faut dire qu'à cette époque, les nombreux projets de supercars (Bugatti EB110, McLaren F1) eurent à peu près les mêmes problèmes : de superbes voitures, ultra-performantes, mais arrivées en nombre au moment où les clients potentiels se faisaient plus rares qu'à la fin des années 80 où l'on s'arrachait la Ferrari F40. La trop longue gestation de la XJ220 fut sans doute son principal problème. 

Aujourd'hui cependant, la XJ220 est une pièce de collection de choix. Sa rareté fait aussi sa valeur, ses performances aussi. Sa ligne à couper le souffle est aussi un argument de choix au moment de sortir le carnet de chèque. Il faudra cependant un compte en banque conséquent tant la voiture ne cesse de prendre de la valeur. L'entretien lui aussi coûtera un bras, d'autant que la fiabilité n'est pas le point fort de cette supercar complexe.

Auteur : Luis Perenna