Alpine A610 : la dernière chance ou le dernier échec

Alpine A610 : la dernière chance ou le dernier échec

Elle aurait pu être un succès, et faire perdurer la marque Alpine. Malheureusement, l'Alpine A610 restera pendant longtemps la dernière de sa lignée, jusqu'à la renaissance de l'A110 en 2017. Cette ultime Alpine résonnera pourtant comme un échec retentissant. Dommage car cette GT ne manque pas d'atouts.

Alpine A610

Née en 1955, la marque Alpine s'est particulièrement révélée avec l'A110, une adorable berlinette en fibre de verre, légère et agile. Passée dans le giron de Renault, la petite marque va alors tenter de se développer en montant en gamme, notamment avec l'A310 qui troque rapidement son 4 cylindres pour le V6 PRV, puis le duo V6 GT et V6 Turbo surnommé GTA. Cette montée en gamme semble pertinente puisque les ventes ne cessent d'augmenter, mais ce qu'Alpine a gagné en volume, elle l'a perdu en spécificité, s'engageant de plus en plus dans une concurrence avec Porsche. Désormais, la firme dieppoise ne produit plus de berlinette mais bel et bien des GT, et cela change tout.

Le Grand Tourisme plutôt que le sport 

En 1991, Renault présente sa nouvelle Alpine sous le nom d'A610. Loin d'un retour à la berlinette d'origine, elle pousse encore plus loin le curseur du Grand Tourisme. Longue, lourde (1 420 kg), elle n'a plus rien à voir avec son ancêtre A110. Pour compenser, le V6 est porté à près de 3 litres, et la puissance turbo-compressée passe à 250 chevaux. De quoi offrir à cette GT des performances de pointe : 265 km/h et le 0 à 100 en 5,9 secondes. L'A610 s'approche alors enfin de la concurrence, et notamment de Porsche.

Alpine A610

L'A610 produite à Dieppe s'avère bien mieux finie que sa devancière, bien plus rigide aussi, et bien plus équilibrée : en réalité, cette voiture est une réussite, mais il ne suffit pas d'être bien née pour séduire. Son dessin ressemble à une habile évolution de la GTA, et manque un peu de standing. Les différentes améliorations imposent aussi un tarif assez salé à une époque plus difficile. Les années « fric » sont derrière, et la crise pointe le bout de son nez. De toute façon, on sent Renault peu enclin à soutenir sa filiale d'autant qu'il existe désormais une concurrence française en la personne de Venturi dont la 260 est elle-aussi très réussie.

Une image floue pour L'Alpine A610

A l'étranger, l'image de marque d'Alpine n'est pas assez connue tandis qu'en France, on regrette encore les berlinettes et l'esprit des débuts. Finalement, l'A610 s'avère rapidement comme une erreur de casting. Sans doute aurait-il fallu dès cette époque revenir aux fondamentaux de l'A110 et abandonner l'embourgeoisement enclenché dès l'A310. La clientèle, en tout cas, ne se bousculera pas pour soutenir la marque : seuls 818 exemplaires trouveront preneurs entre 1991 et 1995. L'échec est suffisamment patent pour que Renault décide d'arrêter les frais : non seulement l'A610 est arrêtée, mais la marque mise en sommeil pour ne revenir à la vie qu'en 2017.

Alpine A610

Le renouveau aujourd'hui pour l'Alpine A610

Dommage pourtant, car l'A610 est une bonne voiture. Même en collection, elle restera longtemps un peu boudée, en tout cas très accessible. Ce n'est que récemment qu'on s'aperçoit de son aboutissement, de ses performances et de son confort. La renaissance d'Alpine a aussi redoré le blason de la marque et désormais, l'A610 voit sa cote remonter lentement.

Mécanique fiable, pièces détachées souvent issues de la banque d'organe Renault, cette GT dispose d'indéniables atouts pour qui veut s'offrir une voiture performante et un peu décalée. Il existe en outre des versions spéciales comme la « Magny Cours » (31 exemplaires) ou « l'Olympique 92 » (2 exemplaires) pour encore plus d'exclusivité. Et puis elle aura marqué l'histoire en restant longtemps la dernière Alpine.

Auteur : Luis Perenna