Citroën SM : une GT française hors normes
Citroën SM : une GT française hors normes
A la fin des années 60, on n'imagine pas encore que Citroën sortirait de la route peu de temps après. Au contraire, la DS sillonne les routes françaises, continuant à promouvoir le génie français sans moteur convaincant et à mouvoir les politiques et capitaines d'industrie, la 2CV peuple les campagne mais surtout, elle s'est offert un fleuron italien, Maserati ! Grâce à cette alliance transalpine, la science de la traction et de la suspension hydraulique pourrait enfin s'allier à des mécaniques nobles, des V6 pointus et chantant. Pour célébrer cette union, une superbe GT sort des cartons de Javel : la Citroën-SM !
Moteur Maserati, originalité Citroën
Avec Alfieri côté moteur, Opron côté design, et tout les ingénieurs Citroën pour donner à ce vaisseau de la route tenue et confort, la Citroën-SM semble avoir tous les attributs du succès et pouvoir ramener la France dans le haut de gamme, une place perdue avec la fin de Facel Véga six ans auparavant. Le V6 concocté par le sorcier italien, dérivé d'un V8 Maserati, permet à la SM de rivaliser avec la production étrangère. Avec 170 chevaux, elle permet d'attendre les 200 km/h. Attention, il ne s'agit pas d'une sportive pour autant, mais bel et bien d'une GT. La SM était dotée de 4 places, et permettait de voyager au long cours dans un confort royal et à des moyennes inavouables aujourd'hui.
C'est tout le génie de Citroën qu'on retrouve dans cette voiture. Il fallait casser les codes du design et ne pas aller se frotter frontalement à d'autres. Avec ce grand coupé original, on peut imaginer conquérir l'Amérique, beaucoup plus pragmatique et dont la clientèle est prête à se laisser séduire par un nouvel engin. Certes, l'hydraulique est une particularité, comme la DIRAVI d'ailleurs, inaugurée sur cette voiture. Même si ses phares qui suivent la route sous une capsule de verre ne peuvent être en l'état proposés outre-Atlantique, la firme de Javel entretient de secrets espoirs de conquête de l'Ouest avec une telle monture.
Des débuts encourageants, mais le soufflet retombe
Présentée au Salon de Genève 1970, la Citroën-SM rencontre tout de suite un succès d'estime. Bien sûr, le bruit du V6 déçoit un peu : on attendait plus de vocalises d'un moteur italien. Mais la voiture est performante et moderne, s'inscrivant totalement dans les Seventies qui commencent ! Aux Etats-Unis, elle rencontre aussi un certain succès (comme en Allemagne d'ailleurs). Les premiers millésimes laissent entrevoir de grands espoirs pour la marque aux chevrons.
Malheureusement, trois événements vont changer la donne et signer l'arrêt de mort de la belle française. Premier souci, les nouvelles normes imposées aux Etats-Unis imposent de trop grands investissements pour persévérer sur le marché, Citroën perdant alors l'un des premiers marchés de la SM. En outre, la crise pétrolière de 1973 pénalise les gros moteurs, rendant la SM encore plus chère à l'usage alors que ses coûts d'entretien sont déjà très élevés. Enfin, la firme française s'est lourdement fourvoyée dans l'aventure du moteur à pistons rotatifs. Citroën perd énormément d'argent tandis que Michelin, propriétaire du constructeur depuis presque 40 ans, refuse d'entretenir une danseuse.
La fin de la Citroën-SM et la nostalgie d'aujourd'hui
Dès lors, Citroën est revendue à Peugeot qui créé alors le groupe PSA. Dans les plans sochaliens, il n'y a pas de place pour la SM. De toute façon la GT se vend de plus en plus au compte-goutte. Peugeot transfère même la fabrication de la voiture chez Ligier, en sous-traitance : la fin arrive rapidement de toute façon et en 1975, la SM est retirée du catalogue après 12 920 exemplaires. Intégrée à PSA, Citroën ne reviendra plus jamais sur le créneau des GT, pour le plus grand malheur des nostalgiques.
Et ces nostalgiques sont nombreux, expliquant aujourd'hui la cote croissante de la SM. On ne parle même pas des rares dérivés produits par Chapron, le cabriolet Mylord ou la berline Opéra. Elle aura en tout cas porté haut et fort les couleurs de la France au début des années 70. Jusqu'à la fin des années 90, la SM transportera le Président de la République comme ses hôtes de marques.
Auteur : Luis Perenna
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