Supercar ? Alors quel effet ça fait de rouler avec ?

Supercar ? Alors quel effet ça fait de rouler avec ?

Qui n'a jamais rêvé en regardant Robert Chapatte gagner sa vie en parlant de sport ? Qui n'a jamais rêvé en regardant son fils, Dominique, voyager au bout du monde pour essayer des voitures, le tout en recevant un salaire ? Ces métiers existent et à défaut de rapporter beaucoup d'argent, ils apportent beaucoup de plaisir, notamment en conduisant des voitures qu'on n'aurait jamais les moyens de s'offrir à moins de gagner au Loto. Résultat, les questions fusent toujours : « alors ? Quel effet ça fait ? » revient le plus souvent, comme si conduire une « supercar » faisait un effet bœuf !

McLaren 570GT

Il faudrait être insensible – ou bien blasé – pour dire qu'il ne se passe rien. Car conduire des voitures à plus de 100 000 euros, quand bien même elles ne vous appartiennent pas, cela fait quelque chose, évidemment. Surtout quand on vous les prête un peu plus que deux heures, ce qui arrive, soit à la faveur d'un séjour officiel, soit par le biais d'un prêt constructeur. A certains niveaux de prix, tous ne sont pas aussi prodigues et font – en tout cas – attention à qui ils invitent, à à qui ils prêtent, et c'est heureux !

Un instant de flottement en supercar

A force d'essayer des voitures, on pourrait croire que la première impression qui vient à l'esprit est une impression « professionnelle » : que nenni ! En réalité, comme tout un chacun, l'essayeur est un homme (ou une femme) normal, et se retrouver responsable d'un tel monstre de performances (ou bien d'une telle somme virtuelle d'argent) entraîne des sensations bien plus terre-à-terre. Le premier réflexe, malgré tout ce que chacun pourra dire, restera la fierté : la fierté d'être au volant de ce bolide, d'en être perçu comme le propriétaire, de devenir subitement plus séduisant qui sait ? Ce sentiment basique se rapproche bassement de l'instinct bling-bling que chacun à en soi (et qui explique que certains dépensent 89 euros pour 20 minutes à leur bord, dans les rues de Paris – >lien vers l'article en question).

Rapidement, une autre impression (ou peut-être même une pression) survient : la peur. La peur de casser le bel engin à 100 mètres du parc constructeur, simplement percuté par un vélo ou pour cause de maladresse. Car oui, quelles que soient vos qualités de « pilote », la peur vous rend parfois mauvais, en tout cas mauvais conducteur. Un simple « spoiler avant en carbone » coûte des milliers d'euros, autant dire que chaque dos d'âne peut s'avérer une affaire délicate (à tort ou à raison). C'est une fois sorti de la ville, de la pression des autres, et que l'on commence à prendre ses marques, que la supercar devient votre amie. 

Aston Martin one 77

Apprivoiser la bête

Selon la marque et le modèle, elles sont plus ou moins confortables, quoi qu'il arrive toujours puissantes, et dans tous les cas diablement efficaces. C'est ainsi que la peur se transforme en conscience professionnelle : savoir ce qu'elle a dans le ventre sans rentrer dans l'illégalité. La chose la plus flagrante sur la plupart des sportives de cet acabit, c'est que c'est en haussant le rythme qu'elles deviennent sécurisantes. Ces bolides prévus pour la vitesse (et parfois pour le circuit) n'ont pas les mêmes réactions qu'une voiture normale : ainsi, un virage passé à petite allure au volant d'une supercar sera moins sécurisant qu'à une vitesse plus élevées. Pourquoi ? Parce qu'elle est conçu autrement, avec force appendices aérodynamiques, fonds plats ou extracteurs qui plaquent la voiture au sol. 

Dès lors que l'on a compris (ou appris à nouveau) le fonctionnement, la voiture redevient celle qu'elle doit être : une bête de course. C'est alors qu'il faut savoir se calmer : la route ouverte n'est pas le meilleur endroit pour chercher les limites d'une voiture qui n'en a quasiment pas, du moins pas avant d'avoir atteint les vôtres. Le danger vient souvent de l'excès de confiance aussi et l'idéal restera toujours d'aller tâter du circuit. C'est là que les voyages de presse sont plus pertinents : une organisation sans faille vous permet d'alterner réseau routier et piste ! La règle de prudence reste de mise, mais la situation change : sur circuit, pas de circulation en sens inverse, mais en revanche des pneus adaptés, un briefing, une reconnaissance parfois, des talkie-walkies et une organisation : le contraire d'un rodéo improvisé en somme.

Redescendre sur terre !

En revanche, la « possession » au long cours d'une telle auto vous change un homme : gendarmerie qui vous arrête pour juste « discuter de la voiture », passants qui s'exclament, passionnés qui s'approchent. La jalousie ou le vandalisme n'existe jamais en votre présence, d'où l'importance de ne jamais laisser trop longtemps une supercar loin de vos yeux. 

Conduire une supercar, c'est entrer dans un autre monde, où vous semblez riches au yeux des autres, chanceux, beaux voire séduisants, le temps d'un instant, de quelques heures ou de quelques jours. Cependant, il faut savoir garder les pieds sur terre : cette voiture n'est pas à vous, vous en êtes responsable, et surtout... l'habit ne fait pas le moine (et la voiture encore moins l'homme).

Auteur : Luis Perenna