Vélo vs auto : cohabiter ou s’entretuer ?

Vélo vs auto : cohabiter ou s’entretuer ?

Comme dans toute communauté devant partager un espace commun, ici la route et les rues, la cohabitation n’est envisageable que si chacun y met un peu du sien. Hélas bien souvent dans ces cas là, notre attention est accaparée par les exceptions, les cas extrêmes, ceux qui cristallisent le rejet de l’autre. Les bons conducteurs (Vélo comme auto) payent pour les mauvais, et de cette colère souvent initiée par quelques exceptions, se crée une guerre des clans qui s’amplifie rapidement. 

Velo en ville

Ces comportements qui énervent 

On reprochera quasi systématiquement aux cyclistes de : 

  • Griller les feux rouges
  • Emprunter les sens interdit
  • Rouler sur les trottoirs
  • Gêner la circulation en n’avançant pas assez vite
  • Se faufiler n’importe comment entre les bagnoles
  • Ne pas être assez visible
  • Ne pas respecter les pistes cyclables

Toute la communauté des cyclistes et vélotafeurs prennent pour ceux qui font tout et n’importe quoi. Mais c’est également valable dans l’autre sens, les reproches envers les automobilistes sont nombreux aussi : 

  • Ne respecte pas les SAS vélo au feu
  • Se gare en double file sur les pistes cyclables
  • Colle / klaxonne le cycliste qui n’avance pas assez vite
  • Double sans respecter les distances de sécurité
  • Double alors même qu’il va être arrêté 10m plus loin à un feu rouge ou dans les bouchons
  • Pollue alors qu’il est seul dans sa voiture

Bien entendu, la liste est loin d’être exhaustive, mais à réduire l’ensemble des automobilistes et cyclistes à ces critiques est clairement ridicule. A croire que pouvoir insulter ou violenter l’un ou l’autre des groupes est un besoin vital. Il y a pourtant des villes où cela fonctionne, mais alors par quelle miracle ? 

Parking à vélo dans une ville adaptée

Aménagements urbains pour les vélos et évolutions des mœurs 

On est bien d’accord, certaines villes se prêtent plus facilement à des aménagements permettant de développer une meilleure cohabitation. Des villes comme Paris ou Marseille sont à la fois en retard sur le développement des infrastructures, mais aussi sur l’évolution des mentalités. Pourtant les deux doivent aller de paire. 

Prenez l’exemple de Strasbourg, ville qui a énormément développé ses infrastructures pour faciliter l’utilisation du vélo au quotidien, avec un ultra centre dont la voiture est globalement bannie (un peu comme si on rendait l’ile de la cité piétonne à Paris), la mobilité s’est développée autrement, en tramway, à pied, et à vélo. Petit à petit les pistes cyclables sécurisées se sont multipliées en ville, mais aussi pour relier les villes voisines. Ainsi le vélo s’est développé, les parkings à vélo fleurissent un peu partout, les nouveaux logements intègrent des garages à vélo. Se déplacer à vélo à Strasbourg est bien moins anxiogène que dans d’autres villes, pour autant il ne faut pas croire que ça annihile complètement les incivilités des deux camps. 

Les tensions demeurent surtout que l’espace dédié à la voiture diminue, ce n’est pas tant la faute des vélos que des transports en commun, mais il en résulte quand même des tensions palpables. Mais les espaces entre vélo et auto étant mieux délimités, les règles de circulation et les sanctions plus régulières (dans les deux camps), la cohabitation se fait enfin un peu plus naturellement.

Circuler à vélo en ville

C’est donc un peu à coup de carottes et de bâtons que les villes vont devoir trouver un équilibre plus ou moins sommaire entre ces deux mobilités. Sanctionner les mauvais comportements aussi bien des automobilistes que des vélos, pour ne pas créer de groupe privilégié, mais aussi satisfaire les besoins et des autres. Si des pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne arrive à faire cohabiter les cyclistes et les automobilistes, on peut quand même imaginer qu’on n’est pas assez bêtes pour ne pas réussir aussi à ne plus s’entretuer sur la route ! 

Enfin je suis peut-être utopiste finalement, on reste un pays latin… 

Auteur : Elisa Muller