Paris assouplit les tarifs de stationnement pour les SUV hybrides

Paris assouplit les tarifs de stationnement pour les SUV hybrides

Alors que les tarifs de stationnement pour les SUV devaient tripler à Paris dès le 1er octobre 2024, la mairie annonce un assouplissement pour les véhicules hybrides, une mesure saluée par MOBILIANS qui avait alerté sur l'impact de cette décision.

Un revirement attendu

La mairie de Paris, après avoir validé le triplement des tarifs de stationnement pour les SUV thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne à compter du 1er octobre 2024, fait marche arrière concernant les modèles hybrides. Désormais, seuls les véhicules hybrides de plus de 2 tonnes seront concernés par cette augmentation, alignant ainsi le seuil sur celui des véhicules électriques.

Cette décision fait suite à une votation citoyenne en février 2024, qui malgré un taux de participation faible (5,68% des inscrits, soit 71 121 votes), avait conduit la municipalité à adopter des mesures drastiques contre les véhicules jugés trop polluants ou encombrants. MOBILIANS, organisation représentative des professionnels de la mobilité, avait immédiatement réagi en alertant sur l'impact considérable de cette mesure sur la mobilité des Franciliens.

 

Une victoire pour les familles et les classes moyennes

En remontant le seuil à 2 tonnes pour les véhicules hybrides, la mairie de Paris préserve de nombreux véhicules familiaux. Les modèles hybrides représentent aujourd'hui 39,8% des parts de marché et sont plébiscités par une clientèle urbaine, souvent de classe moyenne, en quête de solutions de mobilité plus écologiques sans renoncer à la praticité.

« Cet assouplissement conforte notre demande initiale d’accompagner les automobilistes et les entreprises dans leur transition écologique en leur offrant une trajectoire réaliste et pragmatique », déclare MOBILIANS dans un communiqué.

Selon AAA Data, les véhicules thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne représentent 10% du parc francilien circulant. L'assouplissement de la mesure évite donc de pénaliser une part significative des usagers de la route, tout en maintenant l'objectif de réduire la congestion et la pollution dans la capitale.

 

Un bras de fer juridique

MOBILIANS n'avait pas ménagé ses efforts pour contester les modalités de la votation citoyenne et l'impact des mesures adoptées. Considérant le stationnement comme constitutif de la liberté d'aller et venir, l'organisation avait déposé des recours en référé et au fond. Un recours gracieux avait été formé le 15 janvier, accompagné d'une demande de « déféré-provoqué » à l'attention du Préfet de Police de Paris. Une requête en référé-suspension devant le Tribunal Administratif de Paris avait également été déposée en urgence.

Ces actions visaient à dénoncer une décision prise sans concertation ni étude d'impact suffisante, tant sur le plan social que sanitaire. MOBILIANS avait notamment alerté sur le risque d'exclusion pour les Franciliens, particuliers comme professionnels, dont la mobilité dépend en grande partie de l'utilisation de leur véhicule.

 

Des mesures controversées en cascade

L'assouplissement intervient dans un contexte où la mairie de Paris prévoit de mettre en œuvre simultanément plusieurs mesures impactant la circulation. Outre l'augmentation des tarifs de stationnement, sont prévues la mise en place d'une Zone à Trafic Limité (ZTL) dans les arrondissements centraux, la limitation du périphérique à 50 km/h et l'instauration d'une voie dédiée.

Ces décisions, prises sans concertation approfondie avec les acteurs concernés, suscitent l'inquiétude de MOBILIANS. L'organisation alerte sur « l'instauration simultanée qui constitue une politique d’exclusion contre-productive pour les Franciliens, qu’ils soient particuliers ou professionnels ».

 

Un suivi nécessaire de la mise en œuvre

À partir du 1er octobre 2024, il sera essentiel d’opérer un suivi régulier sur la mise en œuvre opérationnelle de cette nouvelle réglementation. MOBILIANS appelle à une vigilance accrue pour s'assurer que les mesures prises ne nuisent pas à la mobilité des usagers et n'engendrent pas de conséquences néfastes sur l'économie locale.

L'organisation insiste sur la nécessité d'accompagner les automobilistes dans la transition écologique, en proposant des solutions réalistes et adaptées aux besoins de chacun. « Il est impératif de trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux et les réalités socio-économiques des habitants », souligne MOBILIANS.

 

Le défi de la transition écologique

La question de la mobilité urbaine est au cœur des préoccupations actuelles. Les grandes villes, Paris en tête, cherchent à réduire la pollution et la congestion, tout en favorisant des modes de transport plus durables. Cependant, la transition écologique ne peut se faire sans tenir compte des usagers, de leurs besoins et de leurs contraintes.

Les véhicules hybrides, en tant que solution intermédiaire, jouent un rôle crucial dans cette transition. Ils offrent une alternative aux véhicules 100% thermiques, sans les limitations actuelles des véhicules 100% électriques, notamment en termes d'autonomie et d'infrastructures de recharge.

 

Vers une concertation nécessaire

L'affaire souligne l'importance d'une concertation approfondie entre les pouvoirs publics, les organisations professionnelles et les usagers. Les décisions unilatérales, surtout lorsqu'elles impactent fortement le quotidien des citoyens, sont souvent sources de tensions et peuvent compromettre les objectifs visés.

MOBILIANS appelle à une approche pragmatique et collaborative. « Les enjeux de la mobilité urbaine et de la transition écologique sont trop importants pour être traités sans une réelle concertation », affirme l'organisation. « Il est temps de travailler ensemble pour construire des solutions efficaces et acceptables pour tous. »

L'assouplissement des tarifs de stationnement pour les SUV hybrides à Paris est une étape positive, résultant de l'action déterminée de MOBILIANS. Il reste cependant beaucoup à faire pour assurer une transition écologique juste et efficace. La mise en œuvre des prochaines mesures sera scrutée de près, avec l'espoir que les leçons tirées de cette affaire encouragent une meilleure concertation à l'avenir.