8,5 mois de travail en moyenne pour acheter une voiture d'occasion

Un investissement conséquent pour les ménages français

L'achat d'un véhicule représente souvent l'une des dépenses les plus importantes pour un ménage. En France, selon une étude récente de la société d'analyse de données automobiles carVertical, il faudrait en moyenne 8,5 mois de travail pour acquérir une voiture d'occasion. Cette enquête, menée dans 23 pays européens, met en lumière des disparités significatives en matière d'accessibilité aux véhicules à travers le continent.

Avec un salaire moyen de 2 587 euros net par mois (source : INSEE) et un prix moyen des voitures d'occasion autour de 21 900 euros (source : Observatoire trimestriel de La Centrale), la France se classe au 11ᵉ rang des pays étudiés. Mais que révèle vraiment cette statistique, et quelles sont les implications pour les consommateurs français ?

Des disparités marquées en Europe

L'étude de carVertical montre que l'accessibilité aux véhicules d'occasion varie fortement d'un pays à l'autre. Les conducteurs portugais sont les plus pénalisés, devant travailler en moyenne 22,4 mois pour s'offrir une voiture d'occasion. Ils sont suivis des Roumains (15,4 mois) et des Serbes (14,7 mois). À l'opposé, les Finlandais n'ont besoin que de 2,7 mois de salaire, tandis que les Allemands et les Suisses y consacrent respectivement 6 et 6,1 mois.

Ces écarts s'expliquent par les différences de salaires moyens et de prix des véhicules dans chaque pays. Par exemple, en Suisse, le salaire moyen atteint 6 377 euros, et le prix moyen des voitures d'occasion est le plus élevé d'Europe, à près de 39 000 euros. Malgré ce coût élevé, le pouvoir d'achat des Suisses leur permet d'accéder plus facilement à des véhicules d'occasion.

Le cas de la France : une situation intermédiaire

En France, les conducteurs doivent donc travailler en moyenne 8,5 mois pour s'offrir une voiture d'occasion. Cependant, cette moyenne cache une réalité plus nuancée. Le marché de l'occasion est vaste, et les prix varient considérablement en fonction des modèles, de l'âge et de l'état des véhicules.

Par exemple, les Peugeot 208 et Renault Clio, parmi les modèles les plus populaires dans le pays, affichent un prix médian de 12 000 euros, soit environ 5 mois de salaire. Ces véhicules restent relativement accessibles pour une partie de la population.

Un investissement parfois supérieur aux recommandations

Les experts financiers recommandent généralement de ne pas dépenser plus de 6 mois de salaire pour l'achat d'un véhicule. Pourtant, dans la majorité des pays étudiés, les acheteurs dépassent cette limite et optent pour des modèles plus coûteux.

Matas Buzelis, expert automobile chez carVertical, observe que « les voitures d'occasion sont vendues à 30 000 euros en moyenne chez les concessionnaires en France. Avec un investissement plus élevé, les acheteurs préfèrent se tourner vers des concessionnaires, qui se doivent de garantir un historique vérifié. Toutefois, il est toujours conseillé de vérifier cet historique pour s'assurer que le prix reflète bien la qualité du véhicule. »

Le marché de l'occasion en mutation

Après une période de stagnation, le marché des voitures d'occasion semble connaître une embellie. Matas Buzelis note que « les ventes de voitures d'occasion ont surmonté la période de stagnation, et la situation sur le marché s'est améliorée par rapport à l'année précédente. »

La reprise des ventes de véhicules neufs a enrichi le marché de l'occasion avec des voitures ayant appartenu à un seul propriétaire, offrant ainsi aux consommateurs un choix plus large. Cette disponibilité accrue peut contribuer à stabiliser les prix et à faciliter l'accès à des véhicules de qualité.

Des coûts cachés à considérer

Investir plusieurs mois de salaire dans une voiture d'occasion peut paraître excessif pour certains conducteurs. De plus, cet achat peut entraîner des coûts supplémentaires. En effet, de nombreuses voitures sur le marché présentent des compteurs trafiqués ou des dommages dissimulés.

Il est donc essentiel de vérifier l'historique du véhicule. Comme le souligne Matas Buzelis, « même en achetant auprès d'un concessionnaire, il est toujours prudent de s'assurer que le prix reflète bien la qualité du véhicule. »

Le piège des bonnes affaires

Un consommateur français a récemment partagé son expérience d'achat d'une voiture d'occasion à un prix attractif. Séduit par l'offre, il a découvert après coup que le véhicule avait subi un accident majeur non mentionné lors de la vente. Cette mésaventure souligne l'importance de la vigilance et de la vérification approfondie avant tout achat.

Les implications socio-économiques

L'accessibilité aux véhicules d'occasion a des répercussions sur la mobilité des populations. Dans les pays où le temps de travail nécessaire pour acquérir une voiture est élevé, les ménages peuvent être contraints de reporter leur achat, d'opter pour des véhicules moins sûrs ou de renoncer à se déplacer.

En France, si la situation est moins critique qu'au Portugal ou en Roumanie, elle n'en demeure pas moins préoccupante pour les ménages aux revenus modestes. La voiture reste souvent indispensable pour accéder à l'emploi, aux services de santé ou à l'éducation, notamment dans les zones rurales ou mal desservies par les transports en commun.

Vers une mobilité plus accessible

Face à ces défis, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

• Encourager les solutions de mobilité alternatives : Le développement des transports en commun, du covoiturage ou de l'autopartage peut réduire la dépendance à la voiture individuelle.

• Soutenir l'achat de véhicules d'occasion : Des aides financières ou des facilités de crédit pourraient aider les ménages à acquérir des véhicules plus récents et plus sûrs.

• Renforcer la transparence du marché : Des mesures pour lutter contre la fraude (compteurs trafiqués, historiques falsifiés) peuvent protéger les consommateurs et assainir le marché de l'occasion.

Une réflexion nécessaire sur l'accessibilité automobile

L'étude de carVertical met en lumière des disparités importantes en Europe concernant l'accessibilité aux véhicules d'occasion. En France, si la situation est relativement favorable comparée à certains pays, l'achat d'une voiture d'occasion représente néanmoins un investissement significatif pour de nombreux ménages.

Il est essentiel de poursuivre la réflexion sur les moyens de rendre la mobilité plus accessible et durable, en tenant compte des réalités économiques et sociales de chaque pays. Les pouvoirs publics, les acteurs du marché automobile et les consommateurs ont un rôle à jouer pour favoriser une mobilité adaptée aux besoins de tous.