Voitures : y'en a-t-il encore de mauvaises ?

Voitures : y'en a-t-il encore de mauvaises ?

Le métier de journaliste automobile est un exercice compliqué ! Pratiquant avant tout le monde le modèle X ou Y, bénéficiant de la possibilité de le tester à nouveau par l'intermédiaire des parcs presse, il peut analyser la bête sur l'instant comme au long cours (suivant le type d'essai). Contrairement à la légende qui veut que, invité grassement par les constructeurs, il serait vendu, en fait la mission s'avère de plus en plus compliquée : tous les constructeurs invitent, c'est un fait, mais surtout tous les constructeurs aujourd'hui font de bonnes voitures. Comment guider l'achat du consommateur quand les différences se jouent sur les détails ?

Renault Talisman

On l'aura compris, la qualité du voyage de presse ne fera la qualité de la voiture... A une certaine époque, certains compensaient par des voyages somptueux le déficit de compétitivité de la voiture. D'autres encore en mettaient plein la vue pour « épater la galerie » et mettre la concurrence dans les cordes mais entre temps (depuis les années 80 glorieuses) plusieurs phénomènes se sont accumulés pour rendre le métier de plus en plus difficile.

D'une part, la loi Evin ! Sans rentrer dans le détail (pour ou contre, on s'en fiche), cela a considérablement atténué l'indépendance des journaux automobiles qui, financés pour la plupart par les cigarettiers ou les fabricants d'alcools (ce qui peut paraître effectivement antinomique avec la notion de conduite) pouvaient se permettre plus facilement la critique. C'est à cette période bénie que des André Costa talentueux ont pu se faire la main ou plus récemment un Patrice Vergès, tout en fiel pour l'un, en subtilité pour l'autre mais en toute indépendance. Est-ce à dire qu'aujourd'hui le journaliste automobile n'est plus indépendant ? 

Comparer des voitures sans pouvoir dézinguer

En fait, le problème ne vient pas tant de la publicité qui, pour la presse papier, se concentre sur l'objet du magazine (l'automobile), mais surtout de la qualité des voitures aujourd'hui produites ! Dans les années 80, comparer une Peugeot à une Opel permettait de voir des choix stratégiques différents tant les tenues de route n'avaient pas la même rigueur. A l'inverse, on pouvait trouver d'excellents moteurs sur des châssis en chewing-gum... Sans parler des voitures de l'Est qui faisaient passer toute voiture construite à l'Ouest comme ultra-moderne mais qui se distinguaient par le prix.

Espero

Aujourd'hui, du low-cost au haut de gamme, tout tient la route, et ce n'est rien de le dire : de la coréenne à l'américaine, en passant – évidemment – par l'européenne, aucune voiture n'est vraiment piégeuse à moins de se prendre pour un Fangio qui, lui, savait quelle était la limite. En réalité, aujourd'hui, tester (ou plutôt « essayer ») une voiture se limite à d'infimes différences sur une tenue de route quoi qu'il arrive satisfaisante, un moteur quoi qu'il arrive économe et relativement performant, une qualité de fabrication qui n'a jamais été aussi bonne. On finit d'ailleurs par mettre des balles dans les coffres pour les mesurer à dm3 près et ainsi entraîner la décision dans un match qui normalement aurait dû être nul... ou presque !

Juger sur des détails 

C'est tout l'intérêt du journaliste automobile : avoir le nez dans le détail, pour les uns, ou savoir apporter la touche de rêve, pour les autres. Car si on y réfléchit bien, toutes les bagnoles se valent tant en sécurité qu'en rapport qualité/prix, en performance comme en confort, et il faut être un expert pour déceler les infimes différences qui font toute la différence ! Reste la fiabilité ! Et de ce côté-là, on finit par croire que c'était mieux avant : à tort !

Nouvelle peugeot 508

Rappelez-vous les carbus mal réglés, les starters, les consommations excessives, la rouille galopante, l'électricité capricieuse ! Aujourd'hui toutes les voitures ont réglés ces problèmes et ce n'est pas parce que l'électronique a pris le dessus sur d'autres choses que nos voiture neuves sont moins bonnes aujourd'hui ! A bon entendeur, salut !

Auteur : Luis Perenna