Magnum vs Magnum : que penser du reboot ?

Magnum vs Magnum : que penser du reboot ?

Thomas Sullivan Magnum, Théodore « Terry » Calville, Orville « Rick » Wright, Jonathan Quayle Higgins, autant de noms qui ont bercé notre enfance aussi sûrement que Zeus et Apollon (pour les mêmes raisons). Des années à voir, coincés entre l'Ecole des Fans et Dimanche Martin, ce feuilleton exotique niché entre les hauteurs de volcans hawaïens et les noix de cocos, le tout dans une humidité nécessitant sans cesse d'aller faire un tour de kayak dans la baie d'Honolulu, cela rend nostalgique. Rajoutez-y une Ferrari, un hélico, une Mercos et une Audi (« passe moi les clés de l'Audi »), un peu d'adrénaline, de souvenirs du Vietnam encore frais à l'époque, et un humour corrosif caché sous une moustache désormais devenue célèbre : il semblait alors impossible d'en faire une version moderne !

Magnum série mythique

Et pourtant ! CBS n'hésita pas en 2018 à nous sortir un reboot qu'il était convenu de honnir, avant même de l'avoir vu : crime de lèse majesté puiqu'on touchait à notre enfance ! Malgré cet a priori négatif, j'ai voulu regarder.. Et croyez-le si vous le voulez, j'ai regardé chaque mardi avec intérêt et précipitation, alors même que, vous le verrez, ce « reboot » est pas loin de passer pour une bouse « télévisuel ».

Scénari bancales, il y a 30 ans comme aujourd'hui

Je m'explique : comment faire un chef d'oeuvre de ce qui est déjà le degré zéro du feuilleton ? J'avais conservé – heureusement – des DVD de Magnum PI « première version » et je les ai « maté » à nouveau : un scénario bancale porté par des personnages riches ! C'est tout le succès (et l'intérêt) de Magnum première version : rien n'a de sens, mais ça fonctionne. On aime Tom Selleck, on aime John Hillerman et l'on aime (à 7 ou 10 ans du moins) s'imaginer détective privé pour un riche milliardaire comme Robin Masters, obscur mais néanmoins auteur à succès, sorte de Ian Flemming (ou de Gérard de Villiers) des années 80 !

Magnum le reboot 2020

Tout l'intérêt de Magnum PI 1ère version résulte de la confrontation entre les personnages : Magnum le désinvolte, Higgins le rigide majordome formé à l'Armée des Indes, Rick l'interlope et Terry l'entrepreneur aux gros bras. Les intrigues, elles, sont dignes de « Chips » même si quelques trucs récurrents (le passé au Vietnam des 3 amis, les relations compliquées avec la police) apportent un peu de sang frais à ce qui pourrait être du Rick Hunter, les palmiers en plus !

La nostalgie de Magnum fait perdre l'esprit !

Avec la nouvelle version, sortie en 2018, les amoureux de la nostalgie sont montés sur leurs grands chevaux : Magnum n'a plus de moustache, et n'a pas l'humour décalé de Tom Selleck, Higgins est devenue une femme, tandis qu'une Ferrari 488 Spider remplace rapidement la 308 GTS des débuts. Les ayatollahs auront tout de suite grimpé au rideau : moi j'ai trouvé cela bien joué... Changer le paradigme, biaiser un peu le synopsis original, faire des clins d'oeil sans copier, j'ai trouvé cela osé, et pour tout dire couillu.

Car s'il y a bien une chose fidèle dans Magnum II versus Magnum I, c'est la nullité des scenari, et en cela, rien à redire. Pour l'ambiance, une nouvelle sensation se créé : adieu Vietnam et ses souvenirs, place à l'Afghanistan. Des constantes tout de même : Rick et son club, Terry et son hélico, Magnum et son statut de PI (private Investigator).

Une vision différente avec 30 ans de plus ?

Le vrai problème ne résiderait-il pas en sa période et son horaire de diffusion ? En France en tout cas, c'est à 21h (id est en prime time) que ce reboot passait : s'il avait été (comme à l'époque) diffusé entre Turbo et les infos, sans doute l'aurait-on pris à la légère, comme le Magnum de l'époque : un truc divertissant, pour les enfants, laissant entrevoir l'après-midi « les têtes brûlées », « L'amour du risque » et pourquoi pas un « M'ame Maguy » en fin d'après-midi ! 

Magnum le reboot 2020

Arrêtons de voir le présent avec le prisme du passé : rien n'est mieux ni moins bien, juste différent, et ce Magnum en est l'incarnation. C'est tout à fait fidèle dans la vacuité du sujet et la nullité du scénario tout en conservant les fondamentaux ! Allez, je vous laisse, je vais mater l'intégrale de « Marie-Pervenche » : c'est tellement mieux que « le Bureau des Légendes » !

Auteur : Luis Perenna