Citroën BX 16 soupapes : le grand bluff

Citroën BX 16 soupapes : le grand bluff

Ceux qui se moquent de la Citroën BX sont rarement monté dedans, et encore moins dans l'une de ses versions sportives, qu'elle s'appelle Sport, GTI ou 16 soupapes. Enfermés dans des certitudes anachroniques (« voiture de vieux », « c'est moche », « ça se traîne »), ils en oublient presque l'énorme succès commercial que fut cette berline intermédiaire mais aussi combien elle était « dans l'air du temps », dessinée par Marcello Gandini pour Bertone, tout de même ! Evidement, avec de tels a priori, pas étonnant qu'ils en oublient l'excellente 16 Soupapes, le haut de la gamme, le top du top, et au final une sportive bluffante.

Citroën BX 16 soupapes

Sa réputation lui collant à la peau, toute BX sera donc immédiatement cataloguée comme une poubelle ou un veau. Dommage car si une partie des acheteurs, venue de la 2CV jusqu'à la GSA puis enfin la BX, s'avérait provinciale et plan plan, une autre partie des clients Citroën s'avérait férue de technologie, de vitesse et de tenue de route et cravachait leur BX même dotée de motorisation les plus modestes. Alors vous pensez, 16 soupapes et 160 chevaux sur suspension hydropneumatique ça donnait envie d'y aller encore plus.

Une Citroën BX en survêtement

C'est d'ailleurs tout l'intérêt de cette version sportive. Le profane ne remarquera même pas son allure plus sportive, son aileron arrière, ses jantes spécifiques, se contentant de hausser les épaules. Le connaisseur, lui, remarquera tout de suite ces discrets détails. Avec une telle voiture, il est tout à fait possible de surprendre celui qui, goguenard, s'attendait à trouver Papi et se retrouve face à Fangio. Déjà la Sport, avec ses 126 chevaux seulement mais signés Danielson, s'envoyait en l'air sur les bosses sans pour autant quitter la route grâce à ses suspensions et sa légèreté. Avec la GTI, on rentrait un peu dans le rang avec seulement 125 chevaux et l'injection, mais elle ne perdait pas les qualités initiales de la BX. En outre, cette dernière s'offrait en option la transmission intégrale).

Citroën BX 16 soupapes

C'est en 1987 (soit 5 ans après la sortie de la BX) que Citroën présentait sa nouvelle sportive : la 16 soupapes, grillant de peu la politesse à la 405 Mi16 partageant le même moteur, mais pas les mêmes soubassements. Certains la trouveront moins homogène. Ces chevaux-là, envoyés tous ensemble sur les seules roues avant, semblaient parfois patiner ! Un problème qui disparaîtra en 1992 avec le catalyseur. Redescendue à 148 chevaux, la 16 soupapes faisait beaucoup moins peur et surtout retrouvait le confort qu'avaient conservé la Sport et la GTI. 

Succès commercial mitigé

Avec la 16 soupapes, Citroën ne fera que de la figuration sur le marché des sportives : non pas par manque de performance, mais sans doute parce que la BX commençait à dater dans le paysage. Malgré le restylage de 1990, le style Gandini finissait par vieillir tandis que les années 90 voyaient les rondeurs revenir. En outre, ses concurrentes françaises (405 Mi16 ou Renault 21 2 Litres Turbo) s'avéraient plus charismatiques en plus d'être plus jeunes. Seuls 16 822 exemplaires sortiront des usines de Rennes-La-Janais (deux fois plus que la Sport, mais moins que la GTI). 

Citroën BX 16 soupapes

Heureusement, ces exemplaires sont souvent en assez bon état général, plus que d'autres sportives du même acabit. Mais un autre problème se posera à l'amateur d'une telle automobile : l'invasion hollandaise et japonaise pour rafler les beaux modèles fera soit monter les prix, soit la rendre introuvable. Autant dire qu'il faudra être motivé, en plus de supporter les quolibets de ceux qui n'y connaissent rien. Mais quel plaisir quand, enfin, la bête sera à vous et que vous blufferez le moindre possesseur de mazout dopé au turbo se croyant invincible (et parfois des sportives bien plus réputées).

Auteur : Luis Perenna