Bugatti EB110 : la superstar de courte durée

Bugatti EB110 : la superstar de courte durée

Voir renaître une marque est toujours un moment fort, surtout si elle porte le nom de Bugatti. Pour son retour après des années d'absence, la marque basée désormais en Italie, va frapper fort. Avec son EB110, Bugatti propose sans doute la meilleure supercar du moment. Malheureusement, le moment était sans doute mal choisi et l'aventure tournera au fiasco.

Bugatti EB110

Pourtant, toutes les conditions étaient réunies, a priori, pour que la renaissance d'une marque comme Bugatti soit une réussite. Du capital (notamment grâce à Romano Artioli, fortune faite dans la distribution automobile et « père » du projet), des soutiens prestigieux comme ceux d'Aérospatiale, Michelin, Elf ou la Snecma, ainsi que des hommes reconnus tels que Marcello Gandini, Nicolas Materrazzi ou Paolo Stanzani (entre autres). 

Bugatti EB110: La meilleure supercar du monde ?

Autant de bonnes fées et la volonté de faire le mieux possible permet d'accoucher d'une voiture d'exception. Mais tout ceci ne signifie pas forcément une garantie de fortune. Le projet naît au milieu des années 80, avec le soutien de Ferrucio Lamborghini qui finira par se retirer. L'idée de racheter la marque Bugatti ne viendra que plus tard mais cela donnera encore plus d'ambition. La société est créée en 1987 et le développement de la voiture peut enfin commencer. 

Bugatti EB110

D'entrée de jeu, les ambitions sont énormes : châssis en carbone, carrosserie en aluminium, transmission intégrale et surtout un V12 maison entièrement original. D'une cylindrée de 3,5 litres, il offre 60 soupapes (soit 5 par cylindre), 4 arbres à came en tête, et surtout 4 turbos IHI : grâce à cette armada, le moteur développe 560 chevaux dans sa version GT, et 610 dans sa version Super Sport (SS). La ligne, elle, est plus controversée. Les premières moutures ont été réalisées par Gandini. Malgré les demandes, ce dernier refuse d'en modifier le dessin et se brouille avec Romano Artioli. 

La Bugatti EB110 affole les compteurs

La voiture est présentée à Paris en 1991. Elle se nomme EB 110 en hommage au fondateur de la marque, Ettore Bugatti, né 110 ans plus tôt. D'emblée elle impressionne la foule et les journalistes. Il faudra attendre malgré cela encore deux ans pour que la voiture soit commercialisée. D'emblée, elle se présente comme la meilleure des supercars du moment : 342 km/h, 0 à 100 en 3,5 secondes, couple de 62,3 mkg à 3 750 tours/minute, ça impressionne. Mieux, elle se distingue par une tenue de route exemplaire, grâce à sa transmission intégrale, y compris sur sol mouillé ou à haute vitesse. 

Chez Bugatti, on a mis le paquet aussi bien pour développer la voiture que pour la construire. Une usine flambant neuve est construite en Italie, près de Modène, à Campogalliano. Au lancement, en 1993, on y croit encore mais déjà l'édifice se fissure. Déjà les hommes se fâchent, l'argent vient à manquer, tandis que la crise économique ruine les espoirs malgré le soutien affiché d'un Michael Schumacher alors en pleine ascension !

Bugatti EB110

La fin de l'aventure

En 1995, le rêve italien de Bugatti doit s'arrêter ! La société est mise en faillite tandis que seuls 125 exemplaires ont été produits. Artioli a bien tenté de diversifier l'entreprise en rachetant Lotus mais sans argent disponible, impossible de relancer deux machines en même temps. L'affaire n'ira pas plus loin, la production n'aura duré que deux ans. C'en était fini de la parenthèse italienne pour Bugatti dont la marque est rachetée par Volkswagen.

Dommage car ce Bugatti-là avait des projets intéressants, notamment celui d'une berline ultra luxueuse dénommée EB112 qui ne rentrera jamais en production. Avec la Bugatti EB110, la marque avait mis la barre très haut (trop haut peut-être?). Affreusement chère à l'époque, l'EB110 l'est restée aujourd'hui et les rares exemplaires nécessitent un profond compte en banque, que ce soit à l'achat ou pour l'entretien. 

Auteur : Luis Perenna