Alpine A110 : la légende est vraiment respectée

Alpine A110 : la légende est vraiment respectée

Partagés entre enthousiasme d'une renaissance de la marque Alpine et peur de se retrouver avec un succédané qui n'en porterait que le nom, les journalistes étaient angoissés tout autant qu'excités à l'heure de tester la nouvelle A110. Evidemment, nombre d'entre eux se plaignaient de la « faible » puissance annoncée mais il fallait se rendre à l'évidence, une fois au volant de la nouvelle berlinette, que les 252 chevaux suffisaient largement !

Alpine nouvelle A110

C'était sans doute toute la difficulté de la renaissance de la marque, passée d'abord par une association avec Caterham avant de revoir la copie une fois l'indépendance retrouvée : les fondamentaux restaient les mêmes (le poids d'abord comme aurait pu le dire Colin Chapman lui-même), une ligne familière (mais modernisée), et surtout beaucoup d'intelligence pour faire beaucoup avec peu, pour privilégier le plaisir à la surenchère, quitte à rogner sur certains postes de dépenses (les amateurs de Renault des années 90 et 2000 reconnaîtront au premier coup d'oeil le commodo de commande de la radio situé derrière le volant).

Renaissance d'une marque mythique; l'alpine A110

Assister à la renaissance d'une marque n'est pas donné à tout le monde et c'est tout l'intérêt d'être un observateur automobile : on imagine, on rêve, on se croit patron d'industrie comme d'autres se rêvent sélectionneur de l'équipe de France de football ! On peut toujours critiquer mais la copie rendue par Alpine s'avère proche de la perfection... Attention, il y aura toujours meilleure voiture de sport, mais réussir à concilier respect du passé ou de l'héritage d'Alpine et de Jean Rédélé, évocation de la berlinette sans tomber dans la caricature, et performances sportives comme on les aime – c'est à dire qu'on sent la voiture tout de suite, cette dernière étant joueuse mais jamais piégeuse – il fallait le faire, et même « oser le faire » !

A110 deux générations

L'Alpine A110 est une réussite... sans doute aussi parce qu'elle est imparfaite. Elle a toutefois le mérite de ne pas rentrer dans la surenchère de la puissance (et souvent, du poids) comme d'autres l'auraient fait ! Respectant donc l'héritage de Dieppe, l'A110 préfère se contenter de son 1.8 Turbo, un 4 cylindres souple mais volontaire, plutôt que de tenter d'aller sur d'autres terrains comme Alpine l'avait fait dès le milieu des années 70, plaçant du V6 PRV partout où cela était possible, transformant la marque en concurrente improbable de Porsche : finalement, un petit 4 cylindres représente bien mieux la philosophie maison !

La puissance qu'il faut

Pareil pour la puissance : l'A110 originelle ne s'est jamais démarquée par des chevaux en pagaille. Rappelez-vous qu'à ses débuts, la berlinette proposait modestement 55 chevaux tirés tant bien que mal de son Sierra à 5 paliers de 956 cc ! Une A110 d'aujourd'hui c'est totalement autre chose, capable de rivaliser réellement avec une Porsche Cayman bien plus chère, bien plus lourde, et pas plus performante. 

Cette idée d'une puissance « raisonnable » fut une idée de génie. Malheureusement, l'obligation de relancer toujours et encore la gamme (il faut bien vendre) entraînera le lancement d'une A110 S dotée, elle, de 292 chevaux ! Cette dernière s'avère, a priori, bien moins équilibrée pour un prix beaucoup plus élevé. 

Alpine A110 nouvelle génération

Sportive accomplie

Il y en aura toujours qui en veulent plus. L'A110 originelle donnait surtout du plaisir de pilotage, et celle d'aujourd'hui n'est sûrement pas en reste. Sur la route comme sur circuit, c'est le cul qui dirige, les yeux et la tête : difficile de trouver une voiture plus en phase avec vos sens. Certains la trouveront imparfaite, d'autres pas assez chic, glamour ou ostentatoire. Une certitude : au volant on prend du plaisir, et les passants la regarde avec envie. Que demander de plus ?

Auteur : Luis Perenna